Wednesday, October 13, 2010

REGRESSO SENTIMENTAL



"Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le veut berçait les nénuphars blêmes;
Les grands nénuphars, entre les roseaux,
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi, j'errais tout seul, promenant ma plaie
Au long de l'étang, parmi la saulaie
Où la brume vageu évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j'errais tout seul
Promenant ma plaie; et l'épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans ces ondes blêmes
Et les nénuphars, parmi les rouseaux,
Les grands nénuphars sur les calmes eaux."


Paul Verlaine, Poèmes Saturniens, Paris: Booking International, 1994, p. 49.

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