"On sait qu'un commentaire est autre chose qu' une critique qui distribue les ombres et les lumières. Le commentaire part de l'idée que le texte dont il traite est classique; il part donc en quelque sorte d' un préjugé. Il se distingue encore de la critique en ne s' intéressant qu' à la beauté et au contenu positif de son texte. Or, c'est un geste très dialectique de recourir en même temps une forme autoritaire, pour rendre hommage à une poésie qui, non seulement n'a rien d' archaïque, mais encore tient tête à ce qui aujourd'hui fait autorité.
Ce geste rejoint une vieille maxime dialectique: surmonter les difficultés en les accumulant. La difficulté qu'il s'agit ici de surmonter est celle de lire aujourd'hui de la poésie. Et s'il était possible de parer à cette dificulté en lisant un tel texte tout à fait comme s'il avait été souvent mis à l'épreuve et chargé de pensée, en un mot comme un texte classique? Et si, par ailleurs, prenant le taureau par les cornes et ayant conscience du fait particulier qui correspond très exactement à la difficulté de lire aujourd'hui de la poésie - si on partait donc d'un recueil de poésie actuelle pour lire des poèmes comme des textes classiques?"
Walter Benjamin, "Commentaires de quelques poèmes de Brecht", in Oeuvres III, trad. Rainer Rochlitz, Paris: Gallimard, 2000, pp. 226-227.
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